micropolluants aquatiques
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- Catégorie : Pesticides et autres micropolluants
Commissariat général au développement durable • Service de l'observation et des statistiques
Les micropolluants hors pesticides
dans les milieux aquatiques continentaux
Les micropolluants peuvent été regroupés au sein de familles ayant des compositions chimiques proches. Les principales familles rencontrées dans les milieux aquatiques continentaux sont :
– Les Métaux et métalloïdes : ils sont naturellement présents dans les eaux mais le plus souvent en très faible quantité. Leur présence peut également être liée à une pollution anthropique (rejets industriels, assainissement, incinération, ...). En faible quantité, la plupart des métaux sont considérés comme des oligoéléments indispensables à l’organisme, devenant toutefois toxiques au-delà d’un certain seuil.
– Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) : ils sont générés par l’activité humaine notamment lorsqu’il y a combustion (incinération de déchets, combustion de carburants automobiles, de charbon ou de bois, production industrielle (aciéries, alumineries...))..., ou sont issus de processus naturels (éruptions volcaniques, feu de forêt ou de prairie). Leur toxicité est variable selon la substance considérée mais peut être forte, à faible concentration, comme pour le benzo(a)pyrène reconnu cancérogène.
– Les Hydrocarbures : leur utilisation est extrêmement répandue (carburants, combustibles, huiles lubrifiantes, solvants, peintures, laques...). Leur présence dans les eaux continentales est liée à des rejets anthropiques chroniques ou accidentels (rejets urbains, fuites d’oléoducs, accidents de la route, etc...).
– Les organométalliques : ils n’existent pas à l’état naturel dans l’environnement. Ce sont des composés dans lequel a été créée une liaison métal-carbone. Ils sont utilisés comme produits intermédiaires de synthèse, comme catalyseur, comme biocides, etc.... Le tributylétain ou TBT, présent dans les peintures utilisées sur les coques des bateaux, appartient à cette famille. Bien qu’interdit depuis 2003, il est retrouvé dans les eaux mais n’a pas été étudié plus avant dans ce bilan, un doute existant sur ses résultats d’analyses.
– Les composés organiques halogénés volatils (COHV), solvants chlorés : leur présence dans l’environnement est essentiellement d’origine anthropique. Ils sont essentiellement utilisés comme solvants pour le dégraissage de pièces métalliques ou le nettoyage de textiles (traitement de surface, pressing, blanchisserie industrielle, etc..), comme c’est le cas pour le trichloroéthylène et le tétrachoroéthylène. Très volatils, ils sont peu retrouvés dans les eaux superficielles, à la différence des eaux souterraines où ils peuvent s’accumuler. Selon leur nature, ils peuvent être très toxiques (cas du dichlorométhane).
– Le benzène et ses dérivés : ce sont des composés organiques volatils(COV). Certains comme le benzène et le toluène peuvent avoir une origine naturelle (pétrole, houille, éruptions volcaniques, feux de forêts). Utilisés comme additif pour l’essence automobile, ou en tant que solvants (peintures, teintures, ...), ils entrent également dans la composition de nombreux produits (caoutchouc, vernis, colles, insecticides,...). Les rejets anthropiques dans l’environnement se font par les gaz d’échappement des véhicules, émanations et fuites au niveau de station service, lessivage des chaussées, rejets industriels (raffinerie, pétrochimie), et domestiques,.... Extrêmement volatils, ils sont peu retrouvés dans les eaux superficielles et leur toxicité démontrée lors d’une exposition prolongée.
– Les PolyBromoDiphénylEthers (PBDE) : ils sont constitués de 209 produits chimiques bromés différents, utilisés principalement comme retardateurs de flamme. Ils entrent dans la fabrication de nombreux produits de consommation (plastiques, textile). Les ces dernières années de restriction d’utilisation. Ils sont considérés
comme des perturbateurs endocriniens persistants.
– Les polychlorobiphényles (PCB) : ils ont été largement utilisés dans les installations électriques, transformateurs, isolants diélectriques, condensateurs, etc., entre 1930 et 1970. Il n’y a plus aucune mise en service, ni mise sur le marché, de ce type d’installation depuis 1987. Toutefois, les installations existantes en 1987, sont autorisées jusqu’à la fin de leur vie. Ils ont également été utilisés comme lubrifiants dans les moteurs de pompe, et entraient également dans la fabrication de four à micro-ondes, peintures, adhésifs, etc. Malgré leur interdiction, ils sont très persistants dans l’environnement et leur toxicité est essentiellement due à leur accumulation dans les organismes au cours du temps (bioaccumulation).
– Les dioxines et furanes : ils sont générés à l’état de traces, au cours de processus thermiques ou industriels (incinération de déchets ménagers, etc.) ou naturels (éruption volcanique). Les dioxines et furanes, bioaccumulables, font partie des polluants organiques persistants (POP). Leurs seuils de toxicité sont particulièrement bas.
– Autres éléments minéraux : ils concernent le fluor ou les cyanures. Le fluor est présent naturellement dans l’eau où il peut atteindre des taux importants dans certaines nappes profondes. Les cyanures peuvent aussi avoir une origine naturelle, produits par des bactéries, des moisissures et des algues. Leur présence dans l’eau est toutefois essentiellement due à des rejets anthropiques. Ils sont, ou ont été, utilisés comme insecticides et raticides, dans l’extraction minière (mines d’or ou d’argent), la fabrication de bijoux, le traitement de surface, etc.
– Les composés phénoliques : ils entrent dans la composition de nombreux produits notamment dans les plastifiants et le PVC, certains détergents, peintures, papiers et pâtes à papier, cosmétiques, pesticides, etc. L’un d’eux, le pentachlorophénol, a été utilisé comme herbicide mais n’est plus autorisé en tant que tel depuis 2003. Actuellement, il est utilisé pour un usage professionnel de traitement du bois. Certains comme les nonylphénols et le bisphénols A (présent dans le PVC et à l’intérieur de certaines boîtes de conserves ou canettes) sont des perturbateurs endocriniens.
– Les phtalates : ils sont essentiellement utilisés dans la fabrication des matières plastiques mais entrent également dans la composition de très nombreux produits (peintures, emballages, adhésifs, cosmétiques,...). La toxicité de certains phtalates est essentiellement due à leur caractère de perturbateur endocrinien et à leur tendance à la bioaccumulation.
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Les familles de micropolluants les plus quantifiées ne sont pas les mêmes dans les cours d’eau et plans d’eau que dans les eaux souterraines, à l’exception des métaux et métalloïdes. Pour ces derniers, le plus problématique est l’arsenic. Ses concentrations relevées dans les eaux souterraines, avec des dépassements locaux de la norme, sont un peu plus importantes que dans les cours d’eau, mais sont souvent d’origine naturelle.
Certaines familles comme les HAP et les retardateurs de flamme sont surtout présentes dans les eaux superficielles et principalement dans leurs sédiments. Mais certains de leurs congénères, comme le benzo(a)pyrène, peuvent toutefois être source de dépassement de normes dans les eaux souterraines. D’autres substances fréquemment quantifiées, comme le phénanthrène (HAP) dans les différentes catégories d’eau, ou le PBDE 209 dans les cours d’eau, ne possèdent pas de normes.
Très récemment suivis, les dioxines et furanes sont particulièrement présents dans les sédiments. Inversement, peu présents dans les eaux superficielles, le tétrachoroéthylène et le trichloroéthylène appartenant aux COHV, font partie des micropolluants les plus quantifiés dans les eaux souterraines.
Quelques familles souffrent encore de doute lié à la chaîne analytique (phtalates notamment). Il n’est donc pas possible d’exploiter leurs analyses malgré des suspicions de présence importantes dans les eaux superficielles
-Le perchlorate est une substance chimique utilisée dans des produits militaires et industriels tels que les propergols solides, les munitions, explosifs et pièces pyrotechniques militaires, les fusées éclairantes et les coussins gonflables. Pollution de l’eau et des légumes verts. Le risque posé à la santé humaine par une exposition au perchlorate aux niveaux présentement observés dans l'eau potable est extrêmement faible. L'exposition à des concentrations beaucoup plus élevées de perchlorate peut avoir des effets sur la santé, principalement en ce qui concerne la fonction thyroïdienne. Le perchlorate inhibe le captage par la glande thyroïde de l'iodure présent dans la circulation sanguine. Or, ce captage est essentiel pour que la glande thyroïde produise des hormones qui interviennent dans le métabolisme et la croissance. Les fluctuations de courte durée des hormones thyroïdiennes ne sont pas un problème chez les adultes en bonne santé, mais les perturbations prolongées peuvent entraîner une hypothyroïdie et des changements métaboliques, une diminution de la performance intellectuelle et une altération du développement. Ces effets sont particulièrement préoccupants pour les personnes qui souffrent déjà d'hypothyroïdie ainsi que pour les femmes enceintes et les enfants.