Protection Environnement Rance Frémur

Agrément préfectoral départements 22-35

pesticides : utilité ??

Pesticides : prophylaxis ou guérison ?

 

Les pesticides, ça commence à bien faire ! Bon article dans le Journal de l'Environnement (Cf. infra). Mais il s'agit de l'utiliser à bon escient - et avec circonspection. Si la France (superficie 670 922 km²) avec sa grande superficie agricole (SAU = surfaces agricoles utiles) est bien trop gourmande en agrochimie, dans mes archives j'ai un article du journal londonien The Independent on Sunday (2002). [1]Selon son auteur, Geoffrey Lean, les chiffres officiels de l'OCDE démontreraient que l'exploitant agricole lambda en Grande Bretagne (superficie 229 850 km²) aura la main tout aussi lourde ...

 

Exemples : Pour les pesticides au Royaume-Uni : avec 0.58 tonnes par kilomètre carré = deux fois la moyenne OCDE ! Ca veut dire trois fois les volumes employés aux USA, un peu moins que les quantités utilisées au Japon et en Italie et à égalité avec la France. Pour ce qui serait des engrais synthétiques en Grande Bretagne : 20,3 tonnes par kilomètre carré = trois fois la moyenne OCDE et bien au dessus du niveau de n'importe quel autre pays industrialisé.

 

Ce genre de tableau est donc évolutif et il faut relativiser les statistiques par rapport à la donne géographique. Notamment le caractère des nappes ou du réseau hydrique. D'autres petits pays - comme la Belgique et le Pays-Bas - très peuplés, fortement urbanisés et avec un marché de produits de jardin encore florissant - sont confrontés à des taux de pollution extrêmement préoccupants. Ce qui incite à la prudence. En plus en parlant exclusivement en terme de poids et volumes, (Cf. infra) l'Union des Industries de la Protection des Plantes nous ramène en arrière, sur son terrain de choix, à une époque où cela avait un sens dans la mesure où les produits commercialisés furent rustiques et non-systémiques à l'encontre du glyphosate(le Roundup) par exemple.

 

S'agissant des traitements préventifs généralisés et non d'une ou des utilisations ponctuelles à titre curatif, nous sommes confrontés à un changement de paradigme agronomique, économique et social, où les semences mêmes sont enrobées des molécules neurotoxiques et quasi-indestructibles et cela dans une situation où les seules études admises dans les dossiers d'homologation sont celles conduites soit par les firmes elles-mêmes, soit par leurs sous-traitants.

 

Ainsi l'UIPP escamote le débat sur la toxicité et l'écotoxicité tout azimut des formulations modernes. Soit la possibilité d'appréhender leur impact réel et de cerner des tours de passe-passe toxicologiques voire des pratiques tout-à fait illégales que se réserve l'empire des agrochimistes. Pour donner un exemple de plus, commençons par la persistance. Précisions tout d'abord les critères européens de persistance des substances agrochimiques selon la Directive (EC) 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil - concernant la mise sur le marché des produits phyto-pharmaceutiques et abrogeant les directives 79/117/CEE et 91/414/CEE du Conseil Cf. Annexe II page 43 http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:309:0001:0050:FR:PDF) :

 

3.7.2 Une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il n’est pas considéré comme persistant, bioaccumulable et toxique (PBT).

 

3.7.2.1 Persistance : Une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste satisfait au critère de persistance lorsque: la demi-vie dans le sol est supérieure à cent vingt jours.

Autrement dit s'il y a demi-vie dans le sol, supérieure à cent vingt jours, la substance est classée persistante et ne doit pas être homologuée.

Lorsqu'on étudie l'autorisation 'conditionnelle' 'prêtée' par l'US Environmental Protection Agency au groupe Bayer en 2003 pour l'insecticide néonicotinoïde clothianidin(Cf. http://www.epa.gov/opprd001/factsheets/clothianidin.pdf) sa demi-vie dans les conditions de sol aérobiques observée sur une variété des terres est de l'ordre de 148 à 1155 jours. En Terrestrial Field Dissipation Studies (études sur la dissipation dans le sol) la durée est de 277 à 1386 days.

 

Si pour des raisons qui nous échappent l'US EPA exclut de ses paramètres un chiffre en haut de l'échelle - soit la demi-vie d'environ 6931 jours qu'on a pu en extrapoler (à partir de 2005) - il existe les données relevées par l'EPA où aucune dissipation ne fut constatée ! Pourquoi ? A cause de l'élément du chlore [2] qui, ne pouvant exister à l’état naturel, cette persistance caractérise toute la famille des pesticides chloronicotiniles (alias des néonicotinoïdes).

 

Le clothianidin(Poncho Bayer) n'est pas homologué en France comme matière active. Mais le thiamethoxame(Cruiser Sygenta) l'est et le clothianidinest l'un des métabolites du thiaméthoxame! Preuve - si besoin est - le conflit de brevet opposant Syngenta à Bayer qui disposait déjà des brevets couvrant les autres néonicotinoïdes dont l'imidaclopride, une molécule très utilisée depuis 1994. En 2002, ce différend va être réglé par le versement par Syngenta à Bayer de 120 millions de dollars en échange du droit de vente du thiaméthoxamedans le monde entier (Cf. www.investor.bayer.com/user_upload/1357/).

 

Or si le ministre de l'Agriculture vient d'interdire 'définitivement' le traitement de semences colza Cruiser OSR (Oil Seed Rape- thiamethoxame ) à partir de la période des semis qui débutera au mois d'août 2012 - bonne nouvelle en apparence - la société anglo-suisse Syngenta, qui produit et commercialise ce produit, a annoncé son intention de contester la décision ministérielle en procédure d'urgence, avec l'espoir de la faire annuler avant la fin de l'été. D'après son communiqué (Cf. http://www3. syngenta.com/country/fr/SiteCollectionDocuments/

Communiques-de-presse/2012-03-29-communique-presse-etude-science-cruiser-osr.pdf) la décison de Stéphane le Foll est basée sur l’étude publiée jeudi 29 mars 2012 dans Science qui, d'après Syngenta, serait fortement éloignée de la réalité.

 

Serons-nous donc de nouveau confronté à un énième procès protocolaire qui se jouera sur fond de vice de forme ?

 

Avant de se réjouir prématurément notons que le colza Cruiser OSR fut autorisé tout de même pour la période des semis du mois d'août 2011. D'où une certaine forte persistance entraînant des effets pervers résiduels de thiamethoxameet du métabolite clothianidine qui ensemble contaminent les sols emblavés depuis l'an dernier. En outre, le maïs Cruiser est toujours autorisé en France.

 

L'imidaclopride Gaucho interdit sur tournesol et maïs est autorisé pour les céreales à paille. Comme est le cas, sur de nombreuses cultures - du mélange de Bayer de deux insecticides : deltaméthrine(pyrethrinoïde) etthiaclopride(néonicotinoïde) 'doté d’un mode d’action innovant', (Cf. http://www.bayercropscience.fr/

espace-presse/PDF/2009/CP-Proteus_15-09-09.pdf).

 

Puis, petites cerises sur le gâteau, la non prise en compte des doses sub-létales et de l'effet cocktail. Car Bayer, Syngenta et consorts, comme bons pères de famille qui se respectent, mélangent fongicides - souvent systémiques aussi – avec des formules insecticides à large spectre. Exemples : le fludioxonil (Scholar Syngenta), métalaxyl (Apron Syngenta), thirame (Celest XL Syngenta), ou le Férial Blé de Bayer qui est un insecticide (imidaclopride) - fongicide triazole (bitertanol) - répulsif corbeaux (anthraquinone), utilisable pour le traitement des semences de céréales.

 

Tout devient matraquage chimique des plantes, sols et organismes vivants en inventant des études académiques et mythes parlant d'un syndrome parfaitement mystérieux d'effondrement d'abeilles de ruche, ignorant l'hécatombe chez les pollinisateurs dits sauvages, encourageant rumeurs et fables, comme si tout cela  était imputable aux téléphones portables, aux changements climatiques, à l'utilisation apicole des antibiotiques, aux attaques des parasites cryptogamiques unicellulaires commele nosema ceranaeou de l'acarien varroa destructeur.

 

Mais ces pique-assiettes pathogènes et maladies émergeantes mortifères des abeilles passent partout par des portes d'entrée créées par l'homme qui, par cupidité et bêtise, détruit le système immunitaire terrestre auquel est lié le nôtre.

 

PS Comme nous le fait remarquer le communiqué de l'UNAF 29 Juin 2012, l'Italie, l'Allemagne et la Slovénie ont retiré l’autorisation du thiamethoxame (Cruiser) pour le maïs. L'Italie a interdit tout traitement des semences par néonicotinoïdes sur toutes les cultures. Si la décision a été motivée par les données connues sur la toxicité aiguë de ces molécules (Cf. http://en.wikipedia.org/wiki/Neonicotinoid), il s'agit d'une avancée incontestable à mettre en relation avec une plainte anglaise devant le Médiateur européenet d'autres démarches pour maintenir la pression.